dimanche 21 avril 2019

Les vendus du Belize

L'histoire des vendus du Belize

Cette histoire s'adresse à tous les petits enfants qui n'arrivent pas à fermer l'œil la nuit et surtout à tous les parents qui peuvent parfois être à cour d'idée.  Voici une petite histoire à raconter, histoire pour passer le temps, histoire pour sourire, pour trembler peut-être ou pour se révolter. Pas sur que les petits bouts y comprennent grand-chose mais si ça peut éveiller d'éventuelles revendications inconscientes, ça pourrait être s'avérer utile pour l'avenir de notre monde.

Big up à tous les marmots qui nous entourent : Noha, Charlie, Albin, Elliott, Loïs, Timothé, Nolan, Noam, Marcus & Félicia, Jeanne & Léon, Telma, Maëlle et ses deux terribles frangins Sacha et Ethan, les 4 petites cousines pleines de vie Léa, Pauline, Jade et Lison, les deux petits bouts Lenny & Zoé, Justin et Abel, Mathieu et Thomas, Marceau, Natheis, Eliott, Pio.

Et bien sur pour tous ceux qui sont en cours de route qui ne vont pas tarder à débarquer… !


Il était une fois, deux amoureux en voyage. Pedro adorait l'aventure, cherchait le dépassement de soi et aimait se sentir immergé dans un endroit inconnu. Fabi était curieuse, elle aimait plus que tout rencontrer des gens de tout partout, voyageurs ou locaux latinos. Ils se construisaient au fur et à mesure de leur voyage, chacun de leurs côtés ensemble. Ils cherchaient tous les deux à découvrir le monde pour mieux le comprendre. Comprendre pour créer et donner du sens à leurs choix de vie.

Un beau jour d'hiver sur les Caraïbes, ils décidèrent d'acheter un van pour continuer l'aventure. Ils étaient ravis d'avoir enfin la possibilité de vider leurs sacs dans un endroit à eux, fixe. Fixe mais mobile. Après des mois à voyager comme une tortue avec leur maison sur le dos, ils étaient bien contents. Une nouvelle aventure commençait. Ils allaient de ville en ville, de pueblo en pueblo dans le pays mexicain. Leurs ailes poussaient, ils adoraient cette sensation de liberté, de se sentir vivre ! Ils décidèrent d’aller voir un peu plus loin et de descendre pour aller voir ce qu’il s'y passe. Tous disaient que la nature guatemaltaise était incroyable de diversité et de beauté.  Alors ils ont foncé. Mais la route était semée d'embûches,  il fallait mériter les montagnes et les volcans de l'Altapaz. Pour s'y rendre, ils devaient passer par une petite terre inconnue, indépendante et collée aux deux territoires. Cette terre s'appelait le Belize. Là bas, ils parlent anglais et paient en dollars belizéens. L’influence créole et jamaïcaine y est forte, en souvenir du passé esclavagiste de cette ancienne colonie anglaise. La plupart des commerces sont tenus par des asiatiques. Un melting-pot culturel qui pourrait en faire une belle terre d'accueil.

Pedro et Fabi étaient juste en transit sur ce territoire. Ils avaient passé de longues heures au poste frontière à faire tous leurs papiers d'entrée dans le territoire belizéen. Ce n'était pas une mince affaire puisqu'il fallait payer des droits d'entrée dans le territoire pour eux ainsi que pour leur compagnon à quatre roues, faire une fumigation et souscrire à une assurance le temps de leur transit, soit 24h. Une fois  cette paperasse terminée, ils ont décidé de s'arrêter dans un petit village non loin de la frontière. La journée avait été longue et éprouvante, ils avaient besoin de se reposer. En arrivant à Corozal, ils découvrirent un joli petit bout de mer le long du site et décidèrent de s'y parquer pour la nuit.
Le soleil à peine couché, déjà tout était installé pour la rediffusion sur écran gonflable géant d'un concert de Bob Marley, avec des montagnes d'enceintes de chaque côté, histoire que tout le village en profite, avec la petite grillade qui va bien. Autant dire que la nuit s'annonçait parfaitement tranquille, idéale pour bien dormir. Les deux voyageurs n'étaient pas vraiment exigeants, ils avaient le sommeil relativement facile et dormaient à peu près n'importe où. Mais ce soir là, après quelques minutes de tentative impossible de dodo, Pedro se leva et dit : « Qu'à cela ne tienne, on va aller voir ailleurs ! »
Ils ont fait le tour du pueblo pour finalement trouver un parking dans le centre. Il y avait tout un tas de voitures garées et l'endroit était recommandé sur l'appli des voyageurs en camion. Calme, bien situé et gratuit, les 3 critères les plus importants pour les deux vadrouilleurs. Ils avaient pour habitude de questionner en arrivant quelque part histoire de tâter le terrain. Cette fois-ci, personne. Il faisait déjà noir et n'avaient qu'une envie : dormir. Morphée les attendait bras ouvert, ils sont rapidement tombés dans un sommeil profond…

Soudain, au beau milieu de leur nuit, Fabi entendit un bruit :
« Pedro ! PEDROO ! Réveilles toi !! C'est les flics ! »
La police était venue leur rendre une petite visite pas vraiment courtoise. Ils tapaient sur le camion, leur demandant d'ouvrir….. NOW !! Le temps d'enfiler un short, Pedro sortit du camion et se retrouva face à 5 urluberlus vêtus dans un costume de flics, a priori très en colère. 
« Vous n'avez pas le droit d'être là ! Vous n'êtes pas en règle !  Faites voir vos papiers ! »
Pedro et Fabi étaient déconcertés. Ils ont carrément regardé dans le camion, éclairé avec leur torche la tête de Fabi encore allongée, et inspecté du regard notre chez nous. C'était ni plus ni moins une agression pour eux !  Ils étaient très costauds et parlaient forts avec un accent anglais à la belizéenne que nos deux voyageurs avaient du mal à déchiffrer. Après avoir montrés tous les papiers qu'ils venaient de faire, les 5 policiers ont décrétés qu'ils n'étaient toujours pas les bienvenus.
« Vous n'êtes pas en règle,  vous devez payer 500$ Dollars et venir avec nous au poste où vous resterez deux jours. »
Là ça ne rigolait plus. Pas question pour Pedro et Fabi de leur donner de l'argent encore moins d'aller visiter le poste de police. Alors ont commencé les discussions, dans un anglais un peu douteux mais ce coup-ci la nervosité l'emportait sur la perfection linguistique. Ils expliquaient tant bien que mal que leurs papiers étaient en règle et qu'ils n'avaient aucune raison de leur donner de l'argent, et qu'ils allaient bouger de ce pas. Rien à faire. Les cowboys ne voulaient pas lâcher le morceau. Ils voulaient coûte que coûte leur soutirer quelques billets et profiter de leurs têtes de touristes. Voyant que la situation ne se débloquait pas, que nos deux voyageurs ne voulaient pas céder, ils ont utilisé une autre tactique. Une tactique des plus primaire, discriminante et blessante pour Fabi : ils se sont éloignés de quelques mètres jusqu'a rejoindre leur véhicule et ont demandés à Pedro de venir les rejoindre, juste lui, laissant Fabi seule dans un bain de sexisme. Les pollos ont demandé a Pedro ce qu'il proposait, lui leur répétant que la solution selon lui serait de partir chacun de son côté et les moutons seront bien contents. Eux ne voulaient qu'une chose, vider le portefeuille de Pedro. Rusé comme un renard, Pedro avait pris soin de retirer une grande partie des billets avant de le mettre dans sa poche. Ils lui ont demandé 2000 pesos et ont sauté dans leur 4x4 couleur police pour se carapater. Juste avant, Fabi s’est approché d'eux et leur a dit : « It's a fucking corruption guys and you know that ».

Depuis ce jour, Pedro et Fabi se sont jurés de ne plus se faire avoir. Du moins pas comme ça. Désormais, à chaque flic rencontré sur la route ils utilisent toujours des copies de leur identité , relèvent le numéro et le nom de l'agent et parfois sortent le téléphone et filment la scène. Et un petit porte monnaie avec quelques sous dedans. Une chose est sure, ce ne sera pas au Belize !

Moralité : Quelque soit l'endroit et les techniques d'intimidation des gens en face de soi, garder la tête haute et l'esprit clair pour prendre les meilleures décisions. Et tout faire pour ne pas que l'emporte la corruption.

La corruption ruine le système social d'un pays. C'est souvent la conséquence de la perversion d'un état policier. Et ça brûle les doigts. Ça créé de la violence et de la méfiance entre les individus. Alors pour aller a l'encontre de ces comportements, pour lutter contre ces formes de manipulation et de division, il semblerait qu'un des moyens soit celui de ne pas adhérer. Beaucoup de freins peuvent malheureusement empêcher cela :

> Être étranger au pays
> Ne pas maîtriser la langue
> Ne pas connaître concrètement le fonctionnement politique d'un pays
> Ne pas vouloir se prendre la tête. Ne pas faire d'histoire
> Ne pas savoir de quoi sont capables les corrupteurs
Et beaucoup d'autres bien sur…

Malgré cela, le choix de ne pas prendre le risque aurait une tournure d'adhésion silencieuse qui finalement alimenterait le système. Et fait qu'il perdure. Alors même si c'est pas facile, même si ça ne marche pas tous le temps, ça fait réfléchir. Et on a tous les moyens pour ça.

Alors la prochaine fois, on aura les armes !










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