jeudi 27 juin 2019

Escapade Hospitalière

-Aucun problème de santé en vue !-

Guadalajara. Je suis très curieuse de connaître le fonctionnement d'un hôpital au Mexique. Cette institution publique dans laquelle j'ai quand même travaillé quatre ans. Au début j'étais très intéressée et presque fière de travailler dans un hôpital public. Pour moi ça signifiait aussi l'accès aux soins pour tous, l'égalité et la prise en charge médicale de base pour toutes classes sociales. Bon, autant dire que j'ai vite déchantée quand j’ai compris que la politique discriminatoire négative allait prendre le dessus sur toutes ces jolies petites étoiles du ‘public’. Je ne me sentais plus vraiment à ma place.

Je voulais savoir comment ça se passait au Mexique dans un pays dit en voie de développement , terme qui veut absolument tout et rien dire.
Comment fonctionne les institutions publiques ? Le système de santé ? L'accès aux soins ? La diversité sociale est telle dans ce pays que je me suis souvent posée la question.

Alors j'ai rencontré Madeline. Une jeune allemande qui fait un semestre d'internat à Guadalajara. Je lui ai raconté mon envie de découvrir le monde de l'hôpital mexicain, elle m'a embarquée. Je vous raconte.

Madeline travaille dans le plus vieil hôpital public de la ville. C'est un des quelques rares qui survit. La plupart des hospitalisations là bas sont des personnes qui ont peu de moyens, pauvres à très pauvres. Pas mal de personnes vivants dans la rue ou sortants de prison. Autant dire que c'était pas pour du beurre. Toutes les personnes hospitalisées semblaient dans un état critique.
Le bâtiment est immense. Il date d'il y a 400 ans et appartient au patrimoine de la ville. Il y a l'école de médecine aussi juste a côté. Un grand édifice avec des grandes arcades en pierres, des patios, des grands couloirs avec du vieux carrelage d'ailleurs devenu problématique pour pousser les chariots.
Pas de chambres individuelles. Le top du top c'est une chambre de 3. La plupart du temps c'est des salles de 20-30 lits environ. Avec un rideau pour séparer, parfois il est cassé. Le plus étonnant c'est pour les toilettes, il y a une cuvette au bout de la salle. Les autres pissent dans leur bocal et pour le reste… c'est le petit seau.
Ici pas d'aides soignantes. C'est les familles qui viennent faire la toilette et s'occuper des besoins du patient alité. Autant dire qu'elles sont indispensables. Pour l'intimité on repassera. Les repas sont servis 3 à 4 fois dans la journée. Mais quand j'ai vu la quantité servie, je me suis dit que 4 fois ce n'était pas de trop. Le repas est composé de 3 cuillères à soupe de riz, des bouts de semelles de viande sèche et quelques courgettes vapeurs vertes fluos. Le tout accompagné d'une tortilla, agrémenté de rien du tout, sans sel sans graisse. Servi froid dans une barquette en polystyrène. Ça m'a fait un choc. Ça paraissait vraiment dérisoire et dégueulasse.
Ici les patients ne payent pas leur repas. Ni leur nuit. Ils doivent par contre avancer de l'argent pour payer les médicaments. Normalement les traitements sont pris en charge par le seguro popular, équivalent de la CMU chez nous. Pour les opérations, si t'as pas une assurance un peu mieux, tu peux garder ton pied nécrosé et rentrer chez toi. Et pour ceux qui peuvent, il faut faire la queue parfois une journée entière au guichet pour avoir un papier tamponné. 
Ici, les médecins qui travaillent sont réputés pour être très bons. Ceux qui ont fait le choix de rester dans le public avec des populations dans le besoin et les concessions qui vont avec. Je n'ai pas réussi à savoir le salaire moyen d'un médecin mais ça ne vole pas au dessus des nuages.
Pour les durées de séjour ? Indéterminées. À la mexicaine, tout prend du temps alors faut être patient !
Il est évident que la couverture maladie est incomparable entre Mexique et France. Pas besoin de visiter un hôpital pour s'en apercevoir. Chez nous, la sécurité sociale prend beaucoup en charge et les mutuelles viennent couvrir le tout. Il est certain que les politiques de préventions de santé y sont pour beaucoup et que le pays s'est converti en une société où le thėrapeutiquement correct a trouvé sa place dans les codes sociaux. C'est devenu pour nous français rassurant d’aller un voir un médecin qui plus est, un spécialiste. Les os, les nerfs, le cerveau, les pieds, les oreilles, la peau, les dents et quelques problèmes qu'il soit se résolvent bien souvent par un petit rendez-vous chez un spécialiste. 
Les mexicains ont peu accès à ces services de santé et bien souvent en ont peur. Ce qui semble tout à fait lié au final. Les regards des patients de cet hôpital m'ont vraiment interpellé ; on lit facilement la peur, la tristesse et la solitude dans leurs yeux. Ils ne savent pas comment ils vont s'en sortir, s'ils vont s'en sortir et combien de temps ça va prendre. Ils ne posent pas de questions de peur d'avoir encore plus peur.  
Au final, le pays se retrouve avec une quantité importante de mexicains malades qui n’en n'ont pas connaissance. Parfois en leur faveur ? Le plus souvent non malheureusement.

Que dire de cette escapade où lorsque j'y ai mis le premier pied j'ai immédiatement retrouvé la sensation d'un hôpital en France. Les odeurs, les blouses blanches, l'environnement, les lits et les gens allongés avec leur petite chemise de nuit, les costumes différents selon la hiérarchie, le rapport malades/médecins…Toutes ces petites choses qui font de l'hôpital un monde universel.


Traduction : "servez-vous"
Dans une pharmacie juste à côté de l'hôpital 


La fête des mères et les roses en pâte à sucre



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